Le dernier voyage de Louis Lake

Louis Lake « Into The Lens » : Chronique de l’album posthume de Jérôme Beuret, achevé grâce à l’amitié indéfectible de Gaël Benyamin, alias Geyster. Le musicien et producteur avait également collaboré avec Jérôme sur le second album du duo Nightshift, « The Flybuster », sorti le 14 juin dernier.

Neuf ans séparent Tales from the Magic Sun de Into the Lens. Ce chiffre 9, souvent associé à la fin d’un cycle en numérologie, peut aussi symboliser un nouveau départ, et nous rappelle que l’âme de Louis Lake est de retour sur les routes californiennes. Dès les premiers accords de Night after Night, je suis heureux de constater que ce titre succède brillamment au précédent album. Un groove electro-pop entraînant, une voix à la fois douce et nonchalante, et des arrangements d’une finesse remarquable. Jérôme Beuret, l’œil rivé sur l’objectif d’ Into The Lens, nous plonge dans son univers lumineux et de reflets teintés, comme en témoignent Aftergloom, Run for Love et la balade nostalgique The Ghost of the Chance.
L’enivrant The Gambler, véritable essence de Louis Lake, se distingue par ses orchestrations raffinées et son ambiance inspirée des meilleures productions westcoast.
À mi-parcours, Discouverture, un interlude instrumental nudisco groovy, prépare l’auditeur à une seconde partie tout aussi réussie. La virtuosité de Jérôme est flagrante sur le tubesque Elektra, une perle électro-pop dotée d’un refrain mémorable, dont il gardera le secret. Ce titre se distingue par sa mélodie accrocheuse, ses synthétiseurs enjoués et un saxophone éclatant, qui lui confèrent une signature musicale indéniable. Il est impossible de ne pas tomber sous le charme du clip Elektra, réalisé par Olivier Ronot, qui se distingue par un esthétisme visuel vraiment unique.

Un combat n’est pas fini tant que la cloche n’a pas sonné

Tout comme le concept de Tales from the Magic Sun, Jérôme Beuret nous enchante avec de belles histoires, riches en messages, tout en s’imposant une fois encore comme le maître des refrains entêtants. Into the Lens se déploie comme une succession de petites merveilles : Moonlight Dancing et surtout Victory, un hymne à la résilience, tel un combat où le contraste entre les frappes graves du piano et les envolées de synthétiseur s’harmonise à merveille sur le ring. D’ailleurs, la cloche de la victoire qui retentit, accompagnée des acclamations du public, évoque dans l’imaginaire collectif cette citation incontournable : Un combat n’est pas fini tant que la cloche n’a pas sonné. Cette référence me touche particulièrement dans le contexte présent et j’ignore si c’est volontaire ou non, mais elle apporte un supplément d’âme à la richesse du morceau.

What Can It Be, une délicieuse balade où la voix de Jérôme rayonne, prédit la fin de l’odyssée, laissant transparaître une forme de tristesse mêlée d’espoir : « Soudain, je ressens la lumière, comme à la fin d’un tunnel… »

Le choix de la playlist est réfléchi, apportant une cohérence à l’œuvre. Je ne peux évidemment pas imaginer que l’ultime titre, Omega, dernière lettre de l’alphabet grec, ait été placé ici au hasard. C’est un message extrêmement fort et universel de conclusion et, sans doute, de transformation.

Un héritage sonore durable

Jérôme Beuret, belle âme et magicien de la chanson, dont j’écrivais, lors de notre interview, que nous avions enfin trouvé notre « Heart of Gold » (référence à Neil Young), nous laisse, grâce au talent de Gaël Benyamin (Geyster), qui a magistralement finalisé et masterisé cet album, un héritage sonore durable, nous invitant à méditer sur son aventure musicale et sur la vie tout simplement.

Fred

Louis Lake : ELEKTRA (Somekind Records). Un clip superbe, avec un esthétisme visuel remarquable, réalisé par
Olivier Ronot.

Cliquez sur la pochette de l’album pour l’écouter

CD DIGIPACK ET LIVRET 24 PAGES
CREDITS :
Paroles & musique, instruments & voix : Jérôme Beuret
Produit et mixé par Jérôme Beuret
Mastering : Gaël Benyamin
Photos : Antoine Baroin


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La présente chronique n’entretient aucun lien commercial et les informations fournies le sont à titre informatif uniquement.