David et les « faiseurs de sciure »

Un livre sur l’histoire fascinante des bûcherons-soldats canadiens de la Grande Guerre

David Devigne a le sourire. J’ai rencontré cet historien spécialiste des troupes du Commonwealth en France il y a un peu plus de cinq ans, lors d’une exposition à Bordeaux. À l’instar d’un de ces bûcherons-soldats Canadiens venus s’installer dans la forêt des Landes entre 1917 et 1919, le girondin est parti depuis une quinzaine d’années sur les sentiers du souvenir, la hache sur l’épaule et un sac de toile en bandoulière. Les mots entraide, endurance, discrétion, communion avec la nature et l’histoire, ne sauraient mieux qualifier ces hommes. Pour ses travaux à leur mémoire, en collaboration avec les Forces Armées du Canada, David a été récompensé de la décoration honorifique « Meritorious Service Medal » par le Canada en 2017. Sa mission d’orateur-historien lui permet aussi d’intervenir dans les établissements scolaires et auprès du grand public.

La route fut longue, riche en rencontres, mais l’écriture fut passionnante. David Devigne a eu du pin sur la planche en quelque sorte. L’auteur vient d’apporter le dernier coup de hache sur le chapitre final de son livre « Les faiseurs de sciure ». Pendant la Première Guerre mondiale, les Alliés ont besoin de bois pour les tranchées et les lignes de chemins de fer. Les forêts françaises des Landes ne sont quasiment plus exploitées car les hommes sont mobilisés, notamment par une intense propagande, pour soutenir l’effort de guerre.

Les « faiseurs de sciure », un choc culturel pour les aquitains

Dès 1916, le Général Alexander MacDougall (lui-même exploitant forestier en Ontario) met en œuvre le déploiement de 18 compagnies du Corps Forestier Canadien¹, soit environ 4 000 hommes en Gironde et dans les Landes. Cette armée de bûcherons-soldats de toutes origines s’installe dans les forêts du massif forestier des Landes de Gascogne. Ces hommes sont des professionnels de l’exploitation forestière. Ils construisent de gigantesques scieries et de véritables villages. On les appelle « les faiseurs de sciure ». Ces bûcherons d’outre-Atlantique ont amené leurs équipements et de nouvelles techniques de production. C’est un choc culturel pour les aquitains qui voient débiter en une semaine ce qu’ils font en trois mois. Ils redoutent surtout le saccage de leur patrimoine forestier. Alors que ces soldats se battent également pour leur patrie avec des outils de bûcherons, un autre ennemi apparaît, « influenza », la grippe espagnole…

Le livre « Les faiseurs de sciure » est préfacé par Son Excellence Isabelle Hudon, Ambassadrice du Canada à Paris et par le Major Général Sylvain Sirois, Chef d’état-major – Infrastructure et environnement et Chef – Génie militaire des Forces armées canadiennes.


L’interview qui envoie du bois ! ²

David, sais-tu que tu as été la première personne que j’ai interviewé pour mon blog il y a cinq ans ? Merci de ta fidélité. C’est sûrement aussi une des nombreuses qualités présente dans l’ADN des « faiseurs de sciure »… Justement, qui étaient exactement ces soldats ?

Ces hommes venaient de tout le Canada, de l’ensemble des dix provinces et des deux territoires. Mais également des personnes qui venaient juste d’immigrer au Canada. Des américains aussi qui, voyant leur pays ne pas entrer en guerre, décident de traverser la frontière pour s’engager dans les forces armées canadiennes. Des jeunes hommes voulant connaitre l’aventure, la promesse d’un travail afin de rompre avec la monotonie…

Que lisais-tu quand tu étais enfant et adolescent ? Quels sont les auteurs que tu aimais ? Et maintenant ?

Depuis tout jeune, je me suis intéressé à l’histoire de mon pays, mais aussi des pays comme le Canada, les Etats-Unis et bien d’autres. Je suis boulimique de connaitre de nombreuses nouvelles historiques car comment disait Winston Churchill : « Un pays qui ne connait pas son histoire et amené à la revivre ». Mes lectures, les journaux en essayant d’avoir plusieurs avis pour ne pas m’arrêter sur un seul… L’actualité pour découvrir ce qui se passe dans le monde… Des biographies de personnages aussi divers que variés et même des livres où il y a de nombreuses photos ! Ah ! les bandes dessinées drôles et parfois historiques… Et oui, encore l’histoire ! Les Tuniques bleues, Buddy Longway, Hugo Prat, Astérix et tant d’autres. En ce moment je n’ai pas trop le temps de lire, et les livres s’entassent progressivement chez moi. Une autre passion, la peinture, principalement en représentant des illustres connu(e)s et inconnu(e)s des Deux Guerres Mondiales et de bien d’autres thèmes. Mais l’activité pour le livre et la mise en place du « Chemin de mémoire des bucherons soldats 1917-1919 » à travers les Landes et la Gironde, très prenante, ne me laisse que peu de temps.

Je n’ai pas particulièrement des noms d’auteurs, je prends un livre sur un sujet bien précis qui a été abordé, puis je cherche un autre auteur qui aurait pu exploiter ce sujet et un autre, et un autre…

Comment as-tu commencé à écrire « Les faiseurs de sciure » ?

J’ai commencé à écrire ce livre il y a près de quinze ans. En récoltant de nombreuses informations, je me suis dit qu’il serait bon de les réunir dans un dossier… Puis le livre s’est imposé de lui-même.

Comment es-tu entré en contact avec les Forces Armées du Canada ?

Il y a plus de 25 ans, lorsque je n’ai plus trouvé de renseignements sur la Seconde Guerre mondiale en France, j’ai commencé à prendre contact avec l’ambassade du Canada, puis des historiens et des militaires Canadiens ainsi que des régiments, pour avoir des informations que l’on ne trouve pas dans les livres. Le contact humain est quand même formidable et un complément indispensable de la lecture. Puis, je suis allé plusieurs fois au Canada pour rencontrer mes contacts, les vétérans, et pour continuer mes investigations dans les musées régimentaires, comme le musée Canadien de la Guerre et les Archives nationales du Canada.

Pourquoi as-tu publié ton livre en auto-édition ?

Pourquoi l’auto-édition : je ne vais pas décrire les longues recherches pour trouver un éditeur. Mais les réponses, bien souvent, ne me convenaient pas : « Envoyez votre manuscrit et on verra ; dans deux à trois ans sans doute ; votre sujet est trop spécialisé ; nous ne savons pas comment vendre votre livre ; il nous faut des garanties financières pour ce projet… ».

Est-ce que tu as déjà initié un ou des événements publics ?

A ce jour, j’attends de voir comment la souscription (NDLR : pré-commande du livre de David) se passe et après, j’organiserai en janvier 2020 des conférences ou des rencontres. Elles seront organisées pour échanger sur le livre.

L’exposition « Du pin pour les tranchées » (NDLR : L’exposition retrace la vie et le travail des Canadiens durant la Grande Guerre), va vraisemblablement traverser l’Atlantique pour Ottawa et ailleurs au Canada… Chut ! C’est en pourparlers… Cette exposition est en rapport avec « Le chemin des bucherons-soldats (lumberjack trail) 1917-1919 ».

Pourquoi les « faiseurs de sciure » est un récit hors du commun ?

Jamais le sujet n’a été abordé en s’immergeant dans le quotidien de ces hommes et ces femmes, avec des témoignages et des rencontres avec les familles de ces canadiens et de ces français qui vont connaitre cet épisode de la Grande Guerre. Ni les origines des unités qui composent le Corps forestier canadien¹.

Offre limitée ! Réservez votre livre avant le 16 décembre !
Vous pouvez désormais souscrire pour le livre « Les faiseurs de sciure » sur la plateforme de financement participatif Ulule jusqu’au 16/12/2019

https://www.ulule.com/faiseurs-sciure/

Prix de souscription : Voir le site dédié | Format : L 21 cm x H 29,7 cm | Pages : 246 pages intérieures + 4 pages de couverture | 250 illustrations (noir et blanc et couleur). Langue : Français | N°ISBN : 979-10-699-4350-6 | EAN : 9791069943506 | Parution : février 2020.

Le lien de souscription du livre « Les faiseurs de sciure » est indiqué à titre informatif.


(1↑) Le Corps forestier canadien était un corps de logistique de l’Armée canadienne. Il a été créé le 14 novembre 1916 et dissous en 1920. Il fut recréé en 1940 et définitivement dissous en 1945.
(2↑) « Envoyer du bois » est une expression qui fait référence aux Basques qui avaient pour habitude d’envoyer des troncs d’arbre pour démontrer leur force physique.
© Visuels avec l’aimable autorisation de David Devigne. Les informations contenues dans cette chronique sont publiées sous toutes réserves. All informations published in the chronicle are subject to adjustments for errors or omissions.