Les envahisseurs sont parmi nous !
Trottinette : torpille pour fend-la-bise
Ha, la trottinette ! Quel bambin des années 50 n’a pas réclamé sa trottinette, ou plutôt sa « patinette » au Père-Noël ? Jusque dans les années soixante-dix avec mes copains, nous faisions des concours de vitesse sur un modèle muni d’une pédale à enfoncer, avec un rappel par ressort. Plus nous nous acharnions à appuyer fortement sur la pédale et plus nous pouvions rouler longtemps sans remettre le pied par terre. Et un jour, plus rien. Oubliée au fond d’une remise, rouillée, sacrifiée dans une brocante. Les patinettes n’ont plus fait le bonheur des enfants. Pourtant, la nouvelle trottinette version électrique retrouvera sa place de favorite au pied de nombreux sapins de Noël ! Comme disait ma grand-mère, la mode est un éternel recommencement.
« C’était une fend-la-bise qui filait telle une torpille en jupette »
– Chroniclefred
Washington DC, 5 septembre 2018. 18 heures. Ciel dégagé. Je me balade devant le Capitole des États-Unis, quand j’aperçois une trottinette orpheline, abandonnée par un quidam peu scrupuleux. À quelques encablures du parc, au pied du célèbre Washington Monument, la scène se répète avec des patinettes et des vélos qui se prélassent tranquillement au soleil. Force est de constater que cette contagion de « nouveaux véhicules électriques individuels » (NVEI) abandonnés se répand sur tous les continents. Que diantre, c’est une pandémie ! Après les smombies*, ces piétons zombies du téléphone qui se multiplient chaque jour et deviennent un problème sérieux pour la sécurité routière, j’ai aperçu ce jour-là mon premier « strombie » (fusion des mots smartphone, trottinette et de zombie). C’était une fend-la-bise qui filait sur la voie publique telle une torpille en jupette autopropulsée, le museau collé sur un smartphone. Effrayant.
« Si une trottinette est abandonnée sur la voie publique, l’entreprise aura deux heures pour la déplacer. »
– Radio Canada
Alors que la plupart des villes sont toujours en roue libre pour cause de flou juridique, ces trottinettes n’ont fait qu’ajouter au chaos ambiant dans certaines grandes métropoles de la planète. Pendant ce temps-là, félicitons nos amis Québécois qui ont mis un bon coup de patin à ces incivilités. Ils peuvent maintenant sillonner sereinement les rues de Montréal en trottinette électrique. Redoutant la pagaille qui prévaut ailleurs, la municipalité a décidé de soumettre les entreprises qui les mettent à disposition à des règles rigoureuses. « Un règlement très strict a déjà été prévu afin d’éviter les problèmes aperçus notamment à Paris », écrit Radio-Canada sur son site Internet (1). « Si une trottinette est abandonnée sur la voie publique, l’entreprise aura deux heures pour la déplacer. Et l’usager fautif pourrait être sanctionné », ajoute de son côté Le Devoir, un quotidien publié à Montréal (2).
Comment responsabiliser les utilisateurs de trottinettes ? Des formations pour les usagers devraient voir le jour dans certaines auto-écoles. Beaucoup d’utilisateurs ignorent également qu’il faut être assuré pour utiliser cet engin électrique en libre-service. Voilà pourquoi, face à la déferlante sur les trottoirs des trottinettes électriques et autres gyropodes, les pouvoirs publics français ont statué : la réglementation évoluera en septembre 2019. Ces NVEI seront encadrés par le Code de la route, avec des règles de circulation et des équipements obligatoires pour la sécurité de tous. Et qui dit nouvelles règles, dit nécessité d’adapter sa couverture d’assurance pour rouler tranquillement avec le joujou électrique.
« Personne ne voudrait se séparer de toutes ces inventions idéales »
Tandis que le nombre de victimes d’accidents de trottinettes ne cesse d’augmenter, des questions se posent encore par rapport aux batteries au lithium pour lesquelles il n’existerait pas de filière de recyclage (4). Vu sous cet angle, défendre les NVEI pour revendiquer des villes plus vertes, plus écolos, serait totalement absurde. Une fois encore, tout le monde parle d’écologie mais personne ne voudrait se séparer de toutes ces inventions idéales. La véritable attitude écolo serait de retrouver la belle patinette à ressort de notre enfance. Vide-greniers, nous voilà !
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