A la rencontre de Po’Boy
Mathieu Insa, un Frenchie en Louisiane
Partir à la rencontre de Po’Boy, c’est avant tout ressentir l’énergie et l’inspiration d’un groupe en constante ébullition musicale. C’est aussi l’héritage rythmé et coloré de l’épopée vécue par Mathieu Insa, âme et fondateur de Po’Boy. Installé en Louisiane dans la mythique Nouvelle-Orléans où le jazz coule dans les veines de ses habitants, le frenchie y a puisé les puissantes roots de son projet.
En attendant de révéler un album qui paraîtra l’été prochain, Po’Boy régale ses fans d’un EP déjà disponible sur les plateformes musicales. Une poignée de titres éclectiques et un savoir-faire puisant à sa façon ses influences dans le blues, le rock ou le funk avec l’explosif “Paresse à Paris” et son parfum de hit. La reprise enivrante et atypique en espagnol de “Porque te vas” ou bien les accents blues acoustiques ou électriques de “Darling” font jaillir une musique dont la saveur épicée est assurément égale à celle des plats louisianais. L’atmosphère lyrique de Po’Boy pénètre dans les profondeurs de l’âme mais peut aussi tout simplement refléter la vie, comme en témoigne “Conmigo”, un blues lent qui contraste avec les guitares et les paroles électriques de “Ça Todooze” !
“Une musique rock profondément ancrée dans l’essence même de La Nouvelle-Orléans”
Po’Boy continue d’enrichir son expérience par des allers-retours, notamment entre la France et la Louisiane. Dans sa valise, une chose merveilleuse : le meilleur des deux mondes. Évadez-vous en assistant aux concerts de Po’Boy lors de leur tournée en France. Il y a entre autres rendez-vous un concert à Paris le 16 avril prochain, au cabaret Le Zèbre, situé au cœur du quartier de Belleville, mais aussi le 21 juin dans le cadre féerique du château de Chambord pour la Fête de la musique. Une chose est sûre, Po’Boy a réussi à produire une musique rock profondément ancrée dans l’essence même de La Nouvelle-Orléans.
Un entretien avec Mathieu Insa, fondateur de Po’Boy
Par Frédéric
Q. La Louisiane est l’État le plus francophone des États-Unis. Chantez-vous en français lorsque vous vous y produisez ?
R. Je chante quasiment toujours en français, à part quelques reprises de vieux standards du Delta Blues (Robert Johnson ou Mississippi Fred Mac Dowell, mon petit chouchou), qui sont en anglais. Il y a aussi la reprise de “Porque te vas” (de Jeanette), qui est en espagnol, c’est un clin d’œil à mes origines et j’ai toujours beaucoup d’émotion à la chanter. Par contre, entre les chansons, je parle en anglais ou plutôt je devrais dire en « lazy american », c’est un anglais qui sent bon les épices du golfe du Mexique.
Q. Qu’est-ce qui vous manque le plus lorsque vous revenez en France ?
R. Certainement les délicieux Po’Boys ahah ! Ces sandwiches sont vraiment excellents et on ne trouve pas d’équivalent en France, d’ailleurs je pense que je vais monter un business (rires). À part l’excellente cuisine de Louisiane avec ses écrevisses et ses crabes mous, ce qui me manque, c’est cette ambiance détendue où la musique est quasiment à chaque coin de rue. Chaque jour passé à New Orleans est une fête.
Q. Vos inspirations sont-elles imprégnées de culture vaudou ?
R. Le vaudou, c’est avant tout un état d’esprit, a state of mind 🙂 Le mot vaudou lui-même signifie prières ou esprits, dans le langage « Fon », utilisé notamment au Bénin, au Nigeria et au Togo. D’ailleurs, je vais aller aussi au Nigeria en juin pour un concert… il faut croire que ça me poursuit !
Bref, les croyances vaudou ont des racines très humaines, très primales, que l’on retrouve aussi dans le chamanisme et ça me touche effectivement beaucoup et m’influence dans mon style d’écriture très instinctif voire, d’aucuns diront, intuitif.
“Je suis très sensible à l’esprit de groupe, de fraternité”
Q. Qu’est-ce qui vous a soudés, avec les autres membres du groupe ?
R. En premier lieu, l’amitié et ensuite l’entente musicale. Je suis très sensible à l’esprit de groupe, de fraternité, surtout lorsqu’on se retrouve pendant plusieurs semaines en tournée, il faut vraiment bien s’entendre. Et franchement ça transparaît très clairement sur scène, les sourires et les regards en disent long. C’est comme pour une équipe de foot, le public sent tout de suite quand le moral est bon, quand l’énergie circule librement, tous les chakras sont ouverts !
Q. Quels artistes vous influencent ?
R. Bien sûr, tous les pionniers du Delta Blues, Robert Johnson, Skip James, Charley Patton mais aussi Allen Toussain (icône de New Orleans, producteur de Lady Marmelade et malheureusement mort récemment), Stevie Ray Vaughan le Texan, Led Zeppelin et la fabuleuse voix de Robert Plant, ou plus récemment les Red Hot Chili Peppers ou Jack White. Dans les chanteurs français, j’aime beaucoup Alain Bashung, Jean-Louis Murat ou Arno (mais il est belge;))
“J’ai l’impression que le public américain est peut-être plus joyeux et volontiers bon vivant”
Q. Quelle différence entre le public français et celui des États-Unis ?
R. Je n’en vois pas particulièrement. Surtout qu’il est difficile de généraliser. Les États-Unis sont immenses, avec des spécialités selon les régions… j’ai l’impression que le public américain est peut-être plus joyeux et volontiers bon vivant. Mais je crois que notre musique est assez universelle, nous rentrons d’une tournée au Chili et le public était très réceptif aussi là-bas, donc c’est bon signe !
Q. D’où vient le nom du groupe ?
R. Du fameux sandwich de Louisiane évoqué plus haut, le Po’Boy, contraction de Poor Boy, qui était un peu le sandwich du pauvre, souvent fait à base de restes. Mais aujourd’hui, c’est devenu une spécialité culinaire, une exception culturelle, un peu comme nous !
Merci à Betty Fleury de Frémont. Clichés © Po’Boy.
Relecture France | Merci Fabienne
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