Nous avons perdu un grand chanteur, comme un ami qui a su avec talent accompagner nos vies en chansons. Hommage à un mélodiste excetionnel qui a su évoquer les aspirations de toute une génération.
Disparition de Michel Delpech
DELPECH : LA BANDE-SON DE NOTRE VIE | Retour au printemps 1971. Depuis peu, un tourne-disque a fait son apparition dans le séjour familial. Les vinyles sont rares à la maison mais, un jour, mon père est arrivé avec un nouveau 45 tours. Sur la pochette, un chanteur qui m’a inspiré immédiatement la sympathie en tant qu’enfant, un pull jeté sur les épaules façon bon copain. Une allure décontractée qui tranchait visiblement avec les photos étincelantes d’autres vedettes pailletées du moment.
Pour moi, aucune hésitation : direction mon tricycle. Je tournais en rond « comme un disque » dans le jardin en réclamant le hit-parade de mon manège et en entonnant à tue-tête « Pour un flirt » de Michel Delpech (M. Delpech, R. Vincent), que la machine perchée sur le balcon pouvait rejouer inlassablement avec une précision d’automate. D’ailleurs, j’ai retrouvé récemment une rare photo qui avait été prise de ce moment-là et j’ai souhaité la partager avec vous. Voilà ma première rencontre avec l’auteur du « Loir-et-Cher ».
« Mélodiste inventif et textes qui collent tout naturellement à notre vie quotidienne »
Mélodiste inventif et textes qui collent tout naturellement à notre vie quotidienne, il n’y a pas un souvenir des générations issues des années soixante et de la décennie suivante qui ne soit lié un jour ou l’autre à l’un des succès populaires de Michel Delpech. Prenez par exemple « Wight is Wight » en 1969. Le musicien et parolier hors pair évoque le festival Folk de l’île de Wight qui est aussi le premier grand rassemblement hippie organisé au mois d’août 1968, un an avant Woodstock aux Etats-Unis. Une programmation hallucinante (The Doors, Jimi Hendrix, Donovan, Joan Baez, Joni Mitchell, Miles Davis, etc) qui marque la fin des années soixante et la sortie du 45 tours qui évoque sans détour les aspirations d’une génération aux antipodes du mode de vie de ses ainés. Le single est un énorme succès et se vend à plus de 600 000 exemplaires. « Chez Laurette », « Que Marianne était jolie », « Rimbaud chanterait », « Le Chasseur », « Quand j’étais chanteur »… L’air de rien*, la liste de ses succès est tellement longue, comme une vie qu’on voudrait « Sans remords ni regrets » (Une merveille composée par Pascal Obispo et Lionel Florence en 1997. La claque).
La dernière fois que j’ai vu Michel Delpech, c’était à Bordeaux, en concert place des Quinconces, un soir d’été de juin 2008, je crois bien. La foule était considérable ! Il chantait « Vu d’avion, un soir », une petite perle relaxante et intemporelle composée par Jean-Michel Rivat, Julien Lepers et Michel Delpech : « Si un jour je dois prendre un maître, ce sera Jonathan le goéland qui passe au-dessus du monde » chante-t’il. Un texte presque prophétique et une image décontractée du chanteur que je garde en tête. Souriant, courageux. Comme toujours. Michel Delpech était la bande son originale de nos vies… quand on était chanteur.
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