« Les sorcières de Zugarramurdi », le film déjanté du génial Alex de la Iglesia, a débarqué en DVD et sur les galettes bleues le 14 mai dernier. Balade dans ce délicieux village des Pyrénées-Atlantiques, avant Halloween
Zugarramurdi : Coup de balai sur les sorcières
Zugarramurdi est une délicieuse bourgade que j’apprécie depuis de nombreuses années pour son accueil, ses nombreuses spécialités culinaires et les célèbres « Grottes aux sorcières » où se tenaient les sabbats supposés. Zugarramurdi était à l’origine un ensemble de fermes isolées autour d’un monastère, avant d’acquérir une juridiction civile. Il se situe au Nord-Ouest de la province de Navarre (Espagne), proche de la frontière de Dancharia avec la France dans les Pyrénées-Atlantiques.
Le film ne manque pas de contraste car il se situe à des balais lumières du calme de ce petit bourg ! En effet, un groupe d’hommes braque un magasin d’or à Madrid. Le gang improbable part en cavale : José, père divorcé en conflit avec son ex-femme, Tony, le complice, sex-symbol malgré lui, Manuel, chauffeur de taxi embarqué contre son gré dans l’aventure, et Sergio, le très jeune fils de José. Leur but : atteindre la France en échappant à la police. Mais arrivé près de la frontière française, dans le village de Zugarramurdi, le groupe va faire la rencontre d’une famille de sorcières, bien décidées à user de leurs pouvoirs maléfiques pour se venger des hommes.
Le tournage débuta le 1er octobre 2012 sur la place Communale pendant deux semaines, avant de se déplacer à Madrid. J’ai apprécié le graphisme, l’originalité et l’impertinence des génériques de début et de fin. L’affiche est très réussie et j’ai quitté la salle en fredonnant la chanson rock de Zugarramurdi ! Il ne manquait plus que les tapas et la sangria. Un film et un village à voir sans l’ombre d’un doute, potion magique contre les sorcières en poche, cela va sans dire.
Les malheureuses étaient responsables de tempêtes ou de la perte de récoltes
La sorcellerie de Zugarramurdi est célèbre depuis le célèbre procès de 1610 où l’inquisiteur Alvarado qui venait de découvrir 300 individus mêlés à la sorcellerie dans le village, envoya à Logroño (au nord de l’Espagne) les plus suspectes, soit 31 au total. Parmi les accusations inventées et confessées de voisins envieux (La France n’a pas fait mieux en 1833 avec l’ubuesque procès de la sanglante « Auberge rouge », ou plus exactement l’Auberge de Peyrebeille en Ardèche), on peut apprendre que les malheureuses étaient responsables de tempêtes ou de la perte de récoltes pour ne citer que ces événements climatiques, sans oublier l’existence supposée d’anciens rites, pas encore bannis par le christianisme.
Pendant deux longues années que dura le procès, certaines personnes moururent en prison et plus d’une dizaine furent condamnées au bûcher (Les témoignages qui nous sont parvenus citent 6 vivants et 5 déjà mortes), d’autres condamnées à l’exil avec confiscation définitive de leurs biens. Derrière tout ceci, il est bien probable que se cachait bien sûr de nombreux intérêts. Et il en fut ainsi jusqu’à 1667 où le village fut enfin déclaré « commune ».